Marc Seguin - L'homme

Informations notamment extraites de
Marc Seguin 1786-1875, Discours au monument, 10-07-1923
et de "La vie du Rail" n°634 du 16/02/1958 article d'Albert Duluc.

Informations complètées par Les fonds d'archives Seguin - aux origines de la révolution industrielle en France
M. Cotte, 1790-1860, Privas, Archives départementales de l'Ardèche, 1997

Petit neveu de Joseph de Montgolfier, Marc Seguin est né à Annonay (Ardèche) le 21/4/1786. Il est décédé le 24/2/1875. Sa mère, née Thérèse-Augustine de Montgolfier, était une nièce de Joseph et Etienne, "les Frères Montgolfier", qui venaient de se rendre célèbres en 1783 par la découverte des Aérostats. Il travailla étroitement et efficacement avec ses frères (notamment Camille, mais aussi Jules, Paul, et Charles) qui contribueront aussi largement à ses succès. C'est la raison de sa signature "l'Aîné". Il est difficile de rendre à chacun la part qui leur revient dans cette association, Marc apparaissant sans conteste le leader, par son génie, son aptitude à organiser, et son sens de l'entreprise. D'autres membres de la famille Seguin participèrent à cette extraordinaire entreprise, notamment Pierre François de Montgolfier, oncle de Marc, ainsi que Vincent Mignot, beau-frère de Marc.

Marc Seguin
par Hyppolite Flandrin (coll. partic.)

Son cursus

Il fut guidé dans son apprentissage des sciences, à Paris, par son grand-oncle, Joseph de Montgolfier, alors Membre de l'Institut et Conservateur des Arts et Métiers, qu'il rejoint en 1799 pour y terminer ses études.
Marié en 1813 avec Augustine DURET, il eut treize enfants ; veuf en 1837, il se remaria en 1839 avec Augustine de MONTGOLFIER, plus jeune que lui de 33 ans, et qui lui donna encore six enfants.

1820 est l'année de l'expression du génie de Marc Seguin, puisque c'est là ses premières réalisations, mêlant initiative industrielle et génie scientifique et technique. A partir de cette année, les projets fusent, les expériences industrielles les plus audacieuses prennent corps (voir ci-dessous - Marc Seguin Entrepreneur et Inventeur).

1838 semble marquer une étape de sa vie, où M. Seguin s'éloigne de son rôle d'entrepreneur, pour se consacrer à la science, et à sa famille. Il publie alors un grand nombre d'ouvrages. Il rachète à son beau-frère Elie de Montgolfier pour s'y retirer et abriter les siens, l’abbaye cistercienne désaffectée de Fontenay dans la Côte-d’Or, Elie l'avait acquise en 1820. Il y aborde un grand nombre de thèmes scientifiques :

En 1845, il fut élu, sous l'égide de François Arago, membre correspondant de l’Académie des Sciences, section de Mécanique. Il y publie nombre de mémoire et d'essais.

Il est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur en 1836, puis Officier en 1866, par M. Duruy, alors Ministre de l'Instruction publique.
Son sens du développement social, accompagnement nécessaire du développement industriel, était aussi particulièrement fort. Il explique nombre de ses actions en faveur des ouvriers et déshérités, ainsi qu'aux savants peu fortunés.

Devenu septuagénaire, il acheta une propriété proche d'Annonay, à Varagnes, et s'y retira pour organiser sa deuxième et dernière retraite. Né sous le règne de Louis XVI, Marc Seguin mourut en 1875, sous la IIIe République, à l'âge de 89 ans.

En quoi réside son génie ?

M. Seguin comprend avant tout autres l'importance des transports et des échanges, et il met un point d'honneur à mettre à disposition de l'humanité le bénéfice de ses inventions, source selon sa pensée, du progrès, et annonceur du monde industriel. C'est vraisemblablement un trait important de son génie. Il n'a pris qu'un seul brevet, celui de la chaudière tubulaire le 22 février 1828 pour en marquer la date. Il n'en paya pas la seconde annuité, laissant ainsi libres d'autres d'en profiter.

Une grande partie de son génie inventif est alimentée par ses différents voyages et ses rencontres avec des savants de son époque :

  • Paris, 1799, à l'occasion de ses études
  • Genève, 1823, qui lui inspira le principe de la traction fluviale
  • En Angleterre, où il rencontra notamment M Stephenson.

Personnalités scientifiques (ou entrepreneurs célèbres) côtoyées :

  • Joseph de Montgolfier son grand-oncle et mentor
  • M. Biot, physicien, et Académicien et partenaire dans l'aventure ferroviaire
  • M. Stephenson, inventeur anglais de la locomotive à vapeur, et du principe du transport ferroviaire
  • W. Herschell, président de la Société Astronomique en Angleterre
  • MM Davy et Faraday
  • François Arago
  • Fresnel, Cuvier, Joule, Humboldt, Thénard, Conchy, Young, Grove, Matteuci, ...

Dans le but de répandre les idées scientifiques et en particulier celles qui faisaient l'objet de ses réflexions, il fonda Le Cosmos en 1852 et bientôt après l'Annuaire du même journal.

L'entrepreneur

Il fut tant un inventeur qu'un entrepreneur célèbre. Le développement complet de ses principales entreprises (ou celles de son entourage direct) est proposé sur une page particulière. Il avait le sens des affaires et du management et accompagnait ses inventions d'un déploiement industriel remarquable. Il fut particulièrement actif dans la construction d'infrastructure publique comme :

L'inventeur

M. Seguin fut l'inventeur des ponts suspendus, et aussi de la chaudière tubulaire. Mais ses inventions ne se limitent pas à ces deux points.

Ci-après une liste de ses inventions ou réalisations spectaculaires :

Note : il est intéressant de faire le parallèle avec Georges Stephenson (1781 - 1848) qui eu une activité similaire en Angleterre à Newcastle, inventant le principe de la traction à vapeur sur voie ferrée, construisant le premier tunnel ferroviaire en 1826, développant tant le principe de la traction que l'infrastructure ferrée, construisant la première usine de locomotive à vapeur, et de son fils Robert (1803-1859) qui inventa celui de la construction des ponts métalliques tubulaires. Georges mit en place à Newcastle la première voie ferrée commerciale entre Stockton et Newcastle en 1825, puis de Liverpool à Manchester (1826-1830). Il s'inspira par ailleurs des travaux de M. Seguin pour perfectionner sa première locomotive, et gagner le concours de vitesse avec "The Rocket" en 1829.

 

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